VINCENT
CORDONNIER
DIRECTEUR GÉNÉRAL
Trois nouvelles lignes de tramways mises en service depuis notre dernier "Correspondances" !
En Ile-de-France, le tramway T10, reliant Antony à Clamart, a été inauguré le 24 juin, au cours
d’une cérémonie festive sous un soleil estival dans le magnifique cadre du Parc de Sceaux.
A Angers, les lignes B et C du tramway, ont également été ouvertes au public le 8 juillet sous un
temps plus capricieux mais dans une ambiance tout aussi festive, sur la belle esplanade de cœur de
Maine, qui s'ouvre désormais sur le nouveau pont réservé au tramway et aux modes actifs.
Des projets a priori très différents mais tout autant porteurs d’enjeux majeurs d’aménagement, de
valorisation du patrimoine et d’évolution des mobilités.
Des projets également objet de débats, d'échanges, de concertations intenses, mais aussi de visions
et de choix politiques qui soulignent, s’il le faut encore, leur impact sociétal et territorial
considérable, et le rôle crucial et passionnant du maitre d'ouvrage pour faire converger les désirs,
les compétences et les énergies jusqu'à ces jours d’inaugurations festives et mémorables.
Pour Transamo, si l'aventure du tramway d'Angers, commencée il y a 20 ans avec la première ligne, se
termine désormais, elle continue plus que jamais en Ile-de-France, où, au-delà de la prochaine mise
en service du T12 attendue en décembre, nous avons le plaisir de démarrer de nouveaux défis auprès
d'Ile-de-France Mobilités avec les projets TZEN 5 et l'extension du tramway T1 à Rueil.
Merci donc à Angers Loire Métropole, à la SARA et à Ile-de-France Mobilités pour leur confiance. Et
enfin, merci à tous ceux, entreprises, maitres d'œuvre, architectes et paysagistes, qui ont bien
voulu nous suivre dans ces aventures !
Projet de transport le plus important d’Europe, les chiffres du Grand Paris Express sont étourdissants : 4 nouvelles lignes de métro automatique, 200 km de voies, 68 nouvelles gares, 2 millions de voyageurs / jour (3 millions avec la ligne 14) et une vitesse commerciale très élevée (55 km/h). Ce nouveau réseau de transport public doit être achevé à l’horizon 2030 dans sa totalité, avec des mises en services progressives de certains tronçons à partir de 2024. Depuis 2021, Transamo et ses partenaires Transdev et Strides accompagnent Ile-de-France Mobilités et la Société du Grand Paris dans la préparation de l’exploitation et de la maintenance de ce réseau hors du commun.
Déjà deux ans d’accompagnementDepuis deux ans déjà, l’équipe de l’Opérateur Virtuel du Grand Paris Express apporte son expertise à la Société du Grand Paris et à Ile-de-France Mobilités, agissant comme substitut actif en amont de la désignation des futurs opérateurs des lignes 15, 16, 17 et 18 du Grand Paris :
Un Opérateur « virtuel », tout de même sur le terrain !
En tant que substitut aux futurs OT, nous sommes mobilisés sur le terrain pour participer aux visites et inspections détaillées des systèmes et équipements en amont des réceptions. En mars 2023, nous nous sommes rendus sur le site d’Alstom – Petite-Forêt pour assister aux essais de maintenabilité du Matériel Roulant des L15 et L16-17. Nous participons également aux visites techniques des gares du GPE qui ouvriront en 2024 avec les extensions de la ligne 14 (gares d’Orly, Saint-Denis Pleyel, et Villejuif-Institut Gustave Roussy).
Essais de maintenabilité des rames des lignes 15 et 16-17 dans les ateliers d’Alstom à Valenciennes (©Alstom)
L’arrivée des Opérateurs des lignes 15 et 16-17, un tournant sur le projet du Grand Paris Express
Cet été 2023 marque un tournant dans le projet du Grand Paris, avec la désignation des premiers opérateurs pour les lignes 15 et 16-17. Un des enjeux de notre rôle d’Opérateur Virtuel est de faciliter l’arrivée de ces nouveaux acteurs, en leur permettant de s’approprier le système de transport et son environnement règlementaire et organisationnel dans les meilleures conditions.
Dimitri Cus, Pilote de l’accompagnement de l’OT L16-17 : « Afin de faciliter l’arrivée de l’OT L16-17, nous avons préparé un rapport de synthèse de la période « pré-OT » sur son périmètre. L’objectif était de mettre en avant les points importants de chaque thématique (exploitation, sécurité, maintenance, interfaces, formation, etc.) que nous avons identifié depuis le début de notre intervention sur le projet. Aujourd’hui, nous rencontrons régulièrement nos interlocuteurs de l’OT L16-17 afin qu’ils puissent s’approprier les sujets dans les meilleures conditions. L’établissement d’une relation de travail de qualité est essentiel à la bonne passation des sujets entre l’OV et l’OT. »
Et maintenant, quelles sont les activités à venir pour l’Opérateur Virtuel ?
Si l’arrivée des Opérateurs de Transport fait évoluer la physionomie des activités de l’Opérateur Virtuel sur les périmètres des lignes 15 et 16-17, l’Opérateur Virtuel reste néanmoins pleinement impliqué sur le projet.
Giulio Gavotti, Directeur de Projet Opérateur Virtuel :« Notre équipe reste entièrement mobilisée pour accompagner l’arrivée des OT L15 et OT L16-17 et pour poursuivre nos activités d’expertises sur le périmètre de la ligne 18, dont l’Opérateur sera désigné au printemps 2024. Par ailleurs, nous continuons à assurer une vision globale pour garantir la cohérence des sujets d’exploitation, de maintenance et de sécurité sur l’ensemble des lignes du Grand Paris Express. »
Fanny
Saffroy, Gestionnaire de projet Opérateur Virtuel |
Cela fait maintenant deux ans que l’Opérateur Virtuel du Grand Paris Express, mené par Transamo, a démarré sa mission. Qu’est-ce que la désignation d’un Opérateur Virtuel a apporté au projet du Grand Paris ?
L’arrivée des opérateurs de transports (OT) 2 ans avant les mises en service des lignes du Grand Paris Express (GPE) et la nécessité de paralléliser la réalisation des ouvrages et la désignation des opérateurs ont conduit la SGP, maitre d’ouvrage du projet, et Île-de-France Mobilités (IDFM), Autorité organisatrice des mobilités, à s’adjoindre l’assistance d’un opérateur virtuel (OV) en 2021, pour anticiper au mieux l’arrivée des futurs exploitants, faciliter les opérations de pré-exploitation/exploitation et avoir l’expertise d’un opérateur sur de nombreux dossiers. L’OV a permis d’apporter un « œil d’exploitant » sur les différentes missions qui lui sont confiées, je pense notamment :
Les futurs Opérateurs de Transport des lignes 16-17 et 15 ont été désignés au début de l’été. Comment s’est déroulé le processus de désignation ?
Effectivement, après des procédures entamées en 2020 pour la ligne 16/17 et en 2021 pour la ligne 15, IDFM a désigné ce semestre la plupart des opérateurs de transports :
L’arrivée des Opérateurs de Transport sur le projet marque un tournant pour les lignes 16-17 et 15. Quelles seront les activités des Opérateurs de Transport à leur arrivée ? Quelle sera l’articulation entre l’Opérateur Virtuel et les Opérateurs de Transport ?
2023 marque en effet l’arrivée des premiers exploitants et de fait, une évolution des missions de l’OV. Pour accompagner cette transition, nous avions prévu dès le cahier des charges une mission dite « d’accompagnement de l’arrivée de l’OT » qui s’articule en plusieurs phases distinctes et complémentaires :
Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers les Jeux Olympiques de l’été 2024. Quels sont les grands jalons attendus pour 2024 ?
L’enjeu pour tous les acteurs est d’être au rendez-vous des jeux olympiques pour l’ouverture
des gares de Saint Denis Pleyel et d’Orly, situées sur la ligne 14 prolongée, dont la mise
en service est conduite par la RATP selon le schéma historique.
Les principales étapes restantes sont bien entendu la finalisation des gares et de leurs
aménagements par les maîtres d’ouvrage (SGP et ADP pour Orly), la réalisation de tous les
essais nécessaires au bon fonctionnement du service de transports et des dossiers
nécessaires à l’ouverture des gares.
Côté OTs ou RATP-Infrastructures mainteneur, il s’agit maintenant de réaliser toutes les
documentations et procédures pour l’ouverture, de mettre en œuvre les outils nécessaires, de
recruter et former leur personnel, préparer le transfert en gestion technique des ouvrages
qui intervient un mois avant la mise en service…
Le projet du Grand Paris Express représente à terme le doublement du nombre de kilomètres de métro en Ile-de-France, et génère l’arrivée de nouveaux opérateurs de transports sur le territoire … en tant qu’Autorité Organisatrice de la Mobilité, comment Ile-de-France Mobilités se prépare-t-elle à ces changements ?
Depuis plusieurs années, IDFM se prépare à la mise en concurrence des différentes lignes de
transports en renforçant son expertise interne et en organisant ses équipes par « secteur de
mise en concurrence ». L’enjeu pour IDFM est de maintenir la compétence technique et
juridique acquise pour gérer ces contrats et assurer leurs renouvellements.
La mise en service du Grand Paris Express a par ailleurs un impact très important sur le
financement d’IDFM : les nouvelles lignes, seront intégrées dans le réseau actuel sans
tarification spécifique. Il faut donc pouvoir financer l’exploitation et la maintenance du
réseau, et payer une redevance d’usage à la SGP. A ce stade, IDFM a obtenu l’engagement de
pouvoir disposer de nouvelles recettes fiscales qui ne sont pas encore connues. L’enjeu est
de stabiliser une trajectoire financière de façon pérenne pour garantir le bon
fonctionnement du métro francilien.
L’ambition du Grand Paris Express est de faciliter les déplacements quotidiens de millions de franciliens. Vous devez être impatients de voir les premières rames rouler sur le futur réseau ?
Nous sommes tous bien évidemment impatients de pouvoir emprunter les nouvelles lignes 15,
16, 17 et 18. Ces lignes sont grandement attendues par les usagers pour faciliter les
déplacements de banlieue à banlieue, décharger le centre de Paris et faciliter les
interconnexions avec le réseau existant. A noter au passage, le choix d’IDFM d’une amplitude
d’exploitation large : de 5h00 – 1h15 du dimanche au jeudi (nuit) et 5h00 – 2h15 du vendredi
au samedi (nuit), pour faciliter les correspondances du matin avec le réseau historique.
Faciliter les déplacements, cela passe également par des matériels roulants modernes et
performants. Financés par IDFM pour un montant de 700M€, les métros automatiques seront de 3
voitures pour les lignes 16-17 et 6 voitures pour la ligne 15. Ce qui me permet de donner un
autre exemple du travail de l’OV : il aide actuellement à la relecture des modules de
formation sur le matériel pour que les formations qui seront bientôt faites aux OTs soient
les plus claires et efficaces possibles.
La France a connu un véritable boom des pratiques cyclables ces dernières années avec une croissance de 28% de trajets réalisés à vélo entre 2019 et 2021 (Vélo & Territoires, 2022). Ce phénomène semble cependant avant tout urbain et cet essor cache des disparités importantes entre les territoires. Les parts modales du vélo dans les déplacements du quotidien des zones rurales sont deux fois plus faibles que celles des métropoles.
Les villes moyennes sont également touchées avec un développement du vélo bien moins important que dans les métropoles. La diminution structurelle des parts modales du vélo en dehors des métropoles des 30 dernières années (ADEME, 2020) n’a pas été gommée par le boom cyclable qui a fait suite à la crise sanitaire. Dans les villes moyennes, cela s’explique principalement par la place prise par la voiture : d’une part l’automobile y rencontre peu de contraintes (peu de congestion, peu de difficultés de stationnement),d’autre part son omniprésence sur les axes structurants et la vitesse des véhicules génèrent de fortes appréhensions pour les usagers et, surtout, pour les non-usagers du vélo.
Face à ce constat, l’Etat, les collectivités et les organisations de la société civile se mobilisent de plus en plus pour développer l’usage du vélo dans les villes moyennes et y rééquilibrer le partage de l’espace public. Sous l’impulsion des programmes et des financements proposés par l’ADEME et la Banque des Territoires, un nombre croissant de collectivités s’est récemment doté d’une politique cyclable. Ces dernières s’engagent dorénavant dans des projets visant à renforcer les aménagements et les services cyclables proposés à leurs habitants, avec une large palette de mesures allant des modifications de la voirie au développement de l’offre de stationnement longue durée, en passant par les aides à l’équipement, la signalétique, les formations ou les campagnes de sensibilisation.
La réussite de ces politiques est cependant foncièrement liée à leur bonne adaptation aux spécificités de chaque territoire et à la bonne articulation des différentes mesures qu’elles proposent. Il ne faut pas dupliquer les mesures mises en place dans les grandes métropoles, mais s’en inspirer puis les traduire et les ajuster au contexte de chaque territoire.
Les collectivités engagées dans cette démarche ont désormais à leur disposition un Cahier des solutions locales intitulé « Un avenir pour le vélo dans les villes moyennes ». Ce document réalisé par Transdev s’appuie sur une étude relative aux pratiques et aux usages du vélo dans les villes moyennes récemment menée par Transamo pour le compte de Transdev, de Ville de France, de la Banque des Territoires et de l’ADEME. Il repose ainsi sur près de deux années d’investigation qui ont permis d’établir un état de l’art technique et règlementaire, de recueillir des données sur 180 territoires, de rencontrer les institutions et les habitants qui font les villes moyennes et de réaliser une enquête en ligne auprès de 2000 personnes.
Ce document a été pensé pour aider ces collectivités dans la définition puis le suivi de leur politique cyclable, en leur offrant un référentiel sur lequel s’appuyer ainsi que des grilles de lecture pour l’analyse de leur territoire et des recommandations concrètes à mettre en œuvre.
C’est en abordant les mobilités dans une logique multimodale et intégrée que les collectivités pourront faire reculer la part modale de la voiture ; le chemin est long et doit être pensé selon une logique combinatoire qui repose sur un effort de long terme lié à la visibilité du vélo, avec un travail de fond pour réduire les freins psychosociaux et un rééqulibrage de l’espace public au profit du vélo.
Retrouvez l’étude complète et le cahier des solutions locales sur le site de Transdev :
Daniel Wischnewski, Etudes de mobilité |
L’article L. 2152-7 du code de la commande publique dispose encore aujourd’hui qu’un marché public est attribué au soumissionnaire qui a présenté l’offre économiquement la plus avantageuse sur la base d’un ou plusieurs critères objectifs, précis et liés à l’objet du marché ou à ses conditions d’exécution. Mais l’article 35 de la loi n°2021-1104 du 22 août 2021 dite « Climat et résilience » a introduit une disposition importante en faveur du verdissement de la commande publique puisqu’il prévoit qu’au moins un des critères précités « prend en compte les caractéristiques environnementales de l’offre ». Cette disposition s’appliquera aux procédures engagées à compter du 21 août 2026 (cf. décret n°2022-767 du 2 mai 2022) afin de laisser le temps aux entreprises de s’adapter à cette évolution non sans conséquences.
Dans l’attente, les modalités de détermination de l’offre économiquement la plus avantageuse sont précisées par l’article R. 2152-7 du code de la commande publique. Cet article dispose que, pour attribuer le marché au soumissionnaire qui a présenté l’offre économiquement la plus avantageuse, l’acheteur se fonde :
En outre, pour les procédures engagées à compter du 21 août 2026, le critère unique du prix disparaitra au profit du critère du coût « déterminé selon une approche globale qui peut être fondée sur le coût du cycle de vie défini à l'article R. 2152-9 et qui prend en compte les caractéristiques environnementales de l'offre ».
A l’heure où les acheteurs publics cherchent à simplifier leurs achats, l’analyse en coût global pourrait offrir des opportunités. Reste cependant à développer la compétence et les outils nécessaires pour mener ces analyses. Dans cette voie, l’Etat est tenu par la loi « Climat et résilience » de mettre à la disposition des pouvoirs adjudicateurs des outils opérationnels de définition et d'analyse du coût du cycle de vie des biens pour les principaux segments d'achat, au plus tard le 1er janvier 2025. Ces outils intègrent le coût global lié notamment à l'acquisition, à l'utilisation, à la maintenance et à la fin de vie des biens ainsi que, lorsque c'est pertinent, les coûts externes supportés par l'ensemble de la société, tels que la pollution atmosphérique, les émissions de gaz à effet de serre, la perte de la biodiversité ou la déforestation.
Christine Jouannaux
Directrice juridique de Transamo
« Dis moi qui tu es, je te dirai comment tu te déplaces », les enquêtes ménages déplacements (EMD), des recueils de données toujours d’actualité en France comme à l’international
L'impératif de mesurer, c'est-à-dire de rassembler des données empiriques, est au cœur de l'élaboration efficace des politiques publiques. Des données fiables permettent aux décideurs d'allouer efficacement les ressources et de garantir que les interventions ciblent ceux qui en ont le plus besoin. Par conséquent, le processus de mesure n'est pas simplement une démarche technique, mais un vecteur de gouvernance efficace. Parmi les dispositifs de connaissance quantitative de la mobilité, les enquêtes ménages déplacements (EMD) occupent une place centrale : elles sont quasiment les seuls recueils à combiner des informations démographiques, socioéconomiques et de mobilité représentatives pour l’ensemble des individus et des ménages d’un territoire, et ce malgré la montée en puissance récente des smartphones et autres dispositifs produisant des traces numériques. Ainsi, elles sont la donnée principale pour la construction ou actualisation de modèles multimodaux, mais aussi, de manière croissante, elles alimentent les diagnostics des plans de mobilité en permettant d’établir une « sociologie de la mobilité », qui associe des caractéristiques de mobilité (motif, mode, distance, durée…) à celles des différents groupes de résidents du territoire (secteur géographique, genre, niveau de revenu, niveau d’équipement véhiculaire…). Ces informations permettent d’orienter l’action publique pour une mobilité durable, en objectivant les aspects économiques, environnementaux ainsi que d’équité sociale.
D’abord déployé dans les années 1950 aux États-Unis (1), ce type de recueil s’est généralisé à l’échelle internationale, pour servir de base à l'élaboration de politiques et de projets de transport dans les grandes agglomérations. La France se distingue par son approche puisque, à la suite d’une première enquête à Rennes financée par l’État au début des années 1960, le dispositif a été normalisé à partir de 1976 par le Réseau Scientifique et Technique (RST) du Ministère de l’Équipement (2) puis actualisé régulièrement jusqu’à la toute dernière Enquête mobilité certifiée Cerema (3) . L’État participe à hauteur de 20% du financement des enquêtes dès lors qu’elles s’inscrivent dans cette méthodologie. Cette codification de la démarche permet de disposer à date de plus de 170 enquêtes comparables entre territoires et dans le temps à l’échelle de la France (4). Au niveau international, d’autres dispositifs de premier plan peuvent être mentionnés. En Suisse, le Micro-recensement Mobilité et Transport (MRMT) a lieu tous les 5 ans et, d’un point de vue institutionnel, fait partie du système de recensement de la population (en France les EMD sont organisées par les collectivités territoriales). Au Canada, la Transportation Tomorrow Survey (TTS, conurbation de Toronto) a été conduite tous les 5 ans depuis 1986 sur un échantillon de 5% de la population (1-2% ailleurs, dont en France).
Les méthodes d’enquête sont adaptées régulièrement pour tenir compte des mutations technologiques et sociétales et de l’évolution des besoins des collectivités : en France et dans les autres pays qui ont des dispositifs de collecte de données de mobilité structurés et récurrents, le premier besoin mis en avant est celui d’avoir des collectes plus fréquentes et qui tiennent compte de nouveaux comportements de mobilité. Il s’agit de pouvoir quantifier les nouvelles pratiques de mobilité telles que le développement des modes actifs, la micromobilité, le covoiturage ou l’impact de phénomènes tels que le COVID et le développement du télétravail pour favoriser la réactivité des actions politiques à l’heure d’accompagner ces changements. Le deuxième besoin mis en avant concerne l’économie du processus de collecte de données : les EMD sont des dispositifs coûteux (entre 180 et 350 $US par ménage enquêté en face-à-face avec des échantillons entre 2 500 et 15 000 ménages), les taux de réponse ont tendance à décroître avec le temps et la contrainte financière des collectivités tend à se resserrer. Les évolutions des techniques d’enquête (téléphonie, web, GPS, smartphones) et, celles des méthodes de fusion de donnés de sources différentes (différentes enquêtes, données passives…) cherchent à apporter des réponses à ces besoins.
Les innovations dans les EMD ne sont pas présentes seulement dans les dispositifs établis de recueil des pays développés. La production de données pour alimenter des politiques de genre dans le cadre de la mobilité en est un exemple. La question de mobilité et genre part du constat que les infrastructures de transport ne sont pas des espaces neutres en matière de genre. Les degrés de liberté vécus par les femmes et les hommes lorsqu'ils se déplacent ou traversent la ville sont différents, où en plus de la peur du vol ou de l'agression, les femmes sont plus exposées au harcèlement de rue et à d'autres formes de violence qui se manifestent par des mots, des phrases, des contacts et des abus physiques ayant des effets négatifs sur leur mobilité, limitant leurs déplacements, la jouissance de l'espace public et entravant la réalisation complète de leurs autonomies. Les plans de mobilité qui intègrent un volet genre reposent souvent sur des enquêtes avec des questions sur les violences subies dans les espaces de mobilité. En Amérique latine, l’analyse porte également sur le concept de mobilité du soin (movilidad del cuidado) (5), qui fait référence à tous les déplacements que les femmes et certains hommes effectuent dans le but de prendre soin d'autres personnes, offrant ainsi une perspective pour reconnaître et réévaluer le travail de soin, c’est -à-dire les contributions à l'économie que les femmes et les hommes apportent en prenant soin et en déplaçant autrui, y compris le travail nécessaire au bon fonctionnement du foyer. Les équipes de Transamo ont récemment assisté la Municipalité de Córdoba en Argentine dans la réalisation d’une EMD qui avait la particularité d’avoir un volet de motifs de déplacement adapté pour tenir compte des éléments liés à la mobilité du soin.
Conscientes de l’importance des EMD pour la construction des politiques publiques de mobilité, les équipes de Transamo s’attachent à apporter une assistance sur ces sujets, basée sur les meilleures pratiques internationales. Nous avons développé une boîte à outils permettant d’accompagner nos clients sur les quatre étapes du processus : définition de la gouvernance et du financement, préparation de l’enquête, réalisation du travail de terrain et finalisation de l’enquête (nettoyage et enrichissement des bases). De cette manière, il est possible d’adapter la méthode pour obtenir une information pertinente et de qualité sur le territoire étudié. Cette démarche nous permet également de participer aux initiatives de renforcement des capacités institutionnelles en vue d’accompagner nos clients dans des processus de changement vers des actions pour une mobilité durable, fondées sur des données.
Cet article est le deuxième d’une série consacrée à la questions des données pour comprendre les mobilités (consultez ici notre newsletter de mai 2023 ). Dans les prochains numéros, nous continuerons à explorer les données ouvertes dans la simulation des localisations d’activités, suivie d’exemples d’analyses territoriales et de mobilités issues de données de téléphonie mobile.
Jorge Cabrera Delgado, chef de projet modélisation – Etudes de mobilité |
(1) Stopher, P (1996). Household travel surveys: cutting-edge concepts for the next century. Keynote paper. Conference on Household Travel Surveys: New Concepts and Research Needs. Irvine, California.
(2) Équivalent des actuels Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et ministère de la Transition énergétique
(3) Cerema (2020). Les enquêtes mobilité certifiées Cerema (EMC²). Principes méthodologiques. Bron. Collection : Références. ISBN 978-2-37180-492-0 (pdf)
(4) Richard, O, Rabaud, M (2018). French household travel survey: The next generation. Transportation Research Procedia 32, pp. 383–393
(5) Sánchez de Madariaga, Inés (2013).“The mobility of care. Introducing new concepts in urban transportation”, in Sánchez de Madariaga, Inés y Marion Roberts (eds.) Fair shared cities. The impact of gender planning in Europe. Ashgate, Aldershot-New York.
Pour sa première participation, Transamo a été certifiée « Entreprise où il fait bon travailler » par Great Place to Work ® France pour 2023-2024 !
Au terme d’une enquête qui a évalué la qualité de vie au travail sous les angles du respect, de la crédibilité, de la convivialité au travail, de la fierté et de l’équité entre salariés/ées et managers, 85% de nos collaborateurs/rices se déclarent dans une entreprise où il fait bon travailler.
Nous remercions toutes les équipes qui incarnent et transmettent au quotidien ces valeurs et ces engagements auxquels nous sommes particulièrement attachés.