VINCENT CORDONNIER
DIRECTEUR GÉNÉRAL
Nous voici à l'orée d'une nouvelle année, porteuse d'espoir et de perspectives excitantes !
Le quatrième Appel à Projets a tenu ses promesses avec comme premier effet immédiat la concrétisation d’une
première série d’appels d’offres concernant de nouveaux projets structurants. Intéressant de noter que 14% des
projets sont toujours des tramways, 23% des Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), et 40% des Pôles d’échanges
multimodaux (PEM). Les projets de PEM avaient déjà commencé leur percée lors du précédent Appel à Projets mais
continuent de gagner du terrain. Si l’on regarde en montant alloué, les tramways représentent 50% du total ce
qui confirme que ce mode reste une solution d'avenir avec un équilibre inégalé entre l'adaptation aux besoins
des agglomérations et l'efficacité technico-économique. À l'opposé, les PEM (4% seulement des subventions,
soit 20 fois moins par projet que les tramways) sont des opérations modestes en financement mais nombreuses et
reparties finement sur l'ensemble du territoire. Ils constituent un catalyseur essentiel pour permettre une
multimodalité réelle et efficace permettant de faire le meilleur usage de l'existant sans dépense excessive.
Dans un réseau, on pense trop souvent à tirer des traits. Ce n'est pourtant qu'en traitant efficacement leurs
points de croisement qu'ils prennent sens, de même que c’est au niveau des synapses que se joue l'efficacité
de nos cerveaux !
Du côté des projets les plus frugaux, il faut souligner également l’émergence des projets maritimes.
C'est ainsi l’étendue de la granulométrie qui frappe à l'analyse de ce nouveau plan qui se propose d'agir à
toutes les échelles pertinentes du territoire.
Et c’est bien entendu sans compter sur l’ensemble des projets d’aménagements cyclables qui vont également
bénéficier de montants dédiés via les Appels à projets visant la continuité cyclable, venant ainsi compléter
la chaîne de mobilité jusqu’à l’échelle individuelle.
A l’autre bout du spectre, nous nous réjouissons de voir le projet du Grand Paris Express poursuivre sa belle
aventure, à l'échelle du territoire exceptionnel qu'il dessert. Pour ce qui nous concerne, nous avons plongé
cette année dans les travaux de la ligne 18, avec sous peu l'attribution de l'ensemble des marchés, tandis que
nous avons le plaisir de pouvoir déjà nous projeter vers les mises en service successives des lignes 15, 16 et
17 avec cette mission d'Opérateur Virtuel que nous ont confiée Ile-de-France Mobilités et la Société du Grand
Paris.
C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme que nous attendons 2022, en vous souhaitant d'ici là de belles fêtes
de fin d'année.
Projet de transport le plus important d’Europe, le Grand Paris Express collectionne les superlatifs : plus de 35 milliards d’euros de budget, 4 nouvelles lignes de métro automatique, 200 km de voies, 68 gares, 2 millions de voyageurs / jour (3 millions avec la ligne 14) et une vitesse commerciale très élevée (55 km/h).
Un projet hors du commun
Essentiellement souterraines, les quatre futures lignes traverseront les territoires du Grand Paris, reliant d’importants pôles de transport et offrant une connectivité accrue et directe entre les périphéries. Projet littéralement extraordinaire, autant en termes de mobilité, de transition écologique que de développement économique, le Grand Paris Express permettra de développer une métropole plus respectueuse de l’environnement. Son déploiement qui sera entièrement opérationnel en 2030 s’appuie sur une mobilisation soutenue des principaux acteurs : Société du Grand Paris pour la maitrise d’ouvrage ; RATP pour la gestion de l’infrastructure ; Ile-de-France Mobilités en tant qu’autorité organisatrice des mobilités, en charge de la désignation des futurs opérateurs de transport.
Pourquoi un opérateur « virtuel » ?
A l’instar des technologies développées pour réaliser ce projet hors du commun (plus de 200 chantiers
ouverts), des process spécifiques sont mis en place, comme le recours à un opérateur virtuel pour anticiper
au mieux l’arrivée des futurs exploitants, en s’inspirant des pratiques développées pour des projets de
cette ampleur à l’International.
La Société du Grand Paris (SGP) et Ile-de-France Mobilités ont ainsi désigné Transamo pour réaliser
cette mission. Transamo s’appuie sur l’expertise du Groupe Transdev ainsi que sur celle de Strides dont
l’expérience est en lien avec celui du métro automatique de Singapour. Le contrat d’une durée de 4 ans,
prolongeable à 6 ans, représente un montant de 7,5 M€.
Opérateur virtuel, quels types de missions ?
Transamo apporte un conseil spécifique d’opérateur de transport auprès de la SGP et d’Ile-de-France Mobilités afin de les aider à mieux anticiper les difficultés qui pourraient survenir lors des futures mises en service. Elle a aussi en charge une partie de la préparation des lignes pour leur exploitation, en anticipation de l’arrivée des futurs exploitants qui, une fois désignés, prendront le relais.
Une plateforme de travail commune
L’équipe de Transamo est intégrée dans l’activité d’une plateforme de travail commune à l’ensemble des
intervenants en charge de la mise en service des lignes, à la fois chez la SGP et Ile-de-France Mobilités,
mais aussi en y associant RATP Infrastructures dont le rôle est clé dans le dispositif.
Le choix de désigner un opérateur virtuel en amont des premières mises en service a, on le voit, pour
principal objectif de s’assurer que l’ensemble des attributions techniques de l’opérateur de transport soit
bien préparé avant sa désignation.
A nous donc d’apporter un soutien et une assistance à la Société du Grand Paris et à Ile-de-France
Mobilités, pour que d’ici deux ans, les opérateurs sélectionnés puissent prendre en main le plus sereinement
possible chacune des quatre nouvelles lignes du futur réseau, nous serons fiers d’y avoir contribué. C’est à
la fois un magnifique challenge et une grande démonstration de confiance.
Giulio Gavotti, Directeur de mission, Expert Métro |
Il coordonne les directions de projets des lignes 15 Sud, 15 Ouest, 15 Est, 16, 17 et 18 ainsi que l’unité de maitrise foncière.
Le projet du Grand Paris Express est à mi-parcours. Pouvez-vous nous en rappeler la genèse ?
Le projet a été lancé il y a un peu plus de 10 ans ; pour le piloter et assurer son financement, l'Etat a créé un établissement public dédié à sa réalisation : la Société du Grand Paris, ou SGP, instituée par la loi du 3 juin 2010. Les premiers travaux de génie civil ont démarré en 2016 sur le tronçon sud de la ligne 15. L'entreprise SGP s'est en même temps structurée pour accompagner la montée en puissance des chantiers, elle compte aujourd'hui plus de 800 collaborateurs.
Le niveau d’ambition est très élevé ; les objectifs seront-ils atteints ?
L’ensemble des lignes du nouveau réseau a été déclaré d’utilité publique en 2017. Les objectifs initiaux demeurent : le nouveau réseau s’étendra sur 200 kilomètres, une longueur équivalente à celle du réseau de métro actuel auquel il sera relié. On y trouvera 68 nouvelles gares et quatre nouvelles lignes de métro automatique (15, 16, 17 et 18). La ligne 14 sera également prolongée, au nord et au sud. La mise en service du nouveau réseau sera progressive entre 2024 et 2030 ; à terme, il permettra à 3 millions de voyageurs de se déplacer dans la métropole parisienne et de gagner en temps, en confort et en régularité. Permettre, à l’occasion de la mise en service de ce nouveau système de transport, de réorganiser la ville sur la ville, autour de nouveaux quartiers de gare, constitue également un objectif du Grand Paris Express : il sera atteint grâce à l’important travail mené avec les collectivités locales.
Justement, en termes de calendrier, peut-on faire un point ?
Nous sommes à mi-chemin de la construction avec deux tiers du projet en travaux. Sur les lignes 15,16 et 17, plus de 50 km de tunnels ont été réalisés. Le prolongement de la ligne 14 qui reliera l’aéroport d’Orly à Saint-Denis Pleyel (à proximité du village et de plusieurs sites olympiques) sera mis en service au printemps 2024. Saint-Denis Pleyel sera la première nouvelle gare du Grand Paris Express à ouvrir. Trois autres tronçons seront livrés ensuite : la partie Sud de la ligne 15 entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs fin 2025, la partie centrale de la ligne 18 à l’automne 2026 et, fin 2026, entre Saint-Denis-Pleyel et Clichy Montfermeil sur la ligne 16 ainsi qu’entre Saint-Denis-Pleyel et Le Bourget Aéroport sur la ligne 17. D’autres mises en service suivront en 2027, partie est de la ligne 18, et 2028, bouclage de la ligne 16 vers Noisy-Champs et poursuite de la ligne 17 vers le Parc des Expositions. L’horizon d’ouverture de l’ensemble du nouveau réseau est fixé à 2030.
La feuille de route est donc globalement respectée ?
Le Conseil de Surveillance de juillet 2021 a arrêté l’actualisation de la feuille de route de la Société du Grand Paris. La mobilisation est générale avec en ligne de mire, dès maintenant, le démarrage futur de l’exploitation ! Les tunnels de la partie Sud de la ligne 15 sont entièrement percés ; 5 km de voie et de caténaires ont déjà été posés. Pour la première partie de la ligne 16, les tunneliers auront fini leur travail début 2022 ; sur la ligne 17 ils ont percé jusqu’à la gare du Bourget aéroport et, sur la ligne 18, ils ont commencé à creuser cet automne*. N’oublions pas que sur les 200 km de lignes à construire, 90% sont en souterrain ; au total ce sont aujourd’hui près de 200 chantiers qui sont ouverts tout au long des tracés.
*A noter : les tunnels sont réalisés à l’aide d’impressionnants trains-usines de plus de 100 mètres de long –les tunneliers-. Tous sont baptisés d’un prénom féminin différent, dans la tradition de Sainte-Barbe, patronne des mineurs et des ouvriers travaillant sous terre : Amandine (en l’honneur de la footballeuse Amandine Henry), Ellen (pour Ellen MacArthur, navigatrice), Malala (pour Malala Yousafzai, prix Nobel de la Paix en 2014), etc.
Et tout cela malgré les contraintes dues à la pandémie ?
Oui, mais pas uniquement… Des échéances ont été recalées par rapport à ce qui avait été annoncé il y a 10 ans, car nous avons aussi pris le temps du dialogue avec les populations concernées, les habitants, les parties prenantes. Le projet demeure particulièrement complexe : environnement urbain très dense, géologie contrastée. Dans le sous-sol francilien il y a beaucoup de couches géologiques différentes, des nappes phréatiques très hautes et de nombreux réseaux de diverses natures. S’est ajouté le défi de la construction des gares, sujet éminemment délicat dans un espace urbain contraint par la présence de bâtis. Il faut nous adapter en permanence, mobiliser des compétences, des techniques, des savoir-faire, pour trouver rapidement des solutions à chaque problématique.
C’est la raison pour laquelle vous privilégiez la proximité dans votre façon de travailler ?
Depuis le démarrage du projet, la Société du Grand Paris travaille en étroite collaboration avec ses partenaires : l'Etat, les collectivités, la Région Île-de-France, la Métropole du Grand Paris, les acteurs franciliens des transports (Île-de-France Mobilités, la RATP, la SNCF). L’idée est d’appliquer cette philosophie au quotidien : par son ampleur, sa complexité, son calendrier, notre projet concentre les difficultés. En travaillant sur une plateforme commune, le partage des idées, la mise en commun des savoir-faire sont plus efficaces ; aussi, pour que tout continue de bien se passer il est important de poursuivre dans cette voie, et ce jusqu’au premier jour du début de l’exploitation. Depuis deux ans, un plateau commun réunit plusieurs jours par semaine dans les locaux de la SGP des représentants d’Île-de-France Mobilités, de la RATP et de la SGP qui travaillent ensemble.
L’exploitation, justement, comment va-t-elle se passer ?
A terme, il y aura trois unités d’exploitation : la ligne 15 sera commandée depuis le poste de Champigny-sur-Marne, les lignes 16 et 17 depuis le poste d’Aulnay-sous-Bois et la ligne 18 depuis le poste de Palaiseau. Si un opérateur virtuel a été retenu, aucun opérateur « réel » n’est encore retenu, c’est à Île-de-France Mobilités que revient cette mission. Pour que l’exploitation future soit sûre et performante il faut la préparer bien en amont de la mise en service, aussi nous travaillons dans les moindres détails le futur passage de témoin entre le constructeur que nous sommes et les futurs mainteneur et exploitant. Ainsi nous allons ensemble sur place et visitons les chantiers afin de bien nous approprier les installations, ouvrages, gares ou sites de maintenance.
D’autant que les matériels et installations ne seront pas tous identiques ?
Effectivement, les trains et gares de la ligne 15 seront par exemple deux fois plus longs que ceux des lignes 16 et 17. La ligne 15 est une rocade qui fera le tour de Paris, et qui permettra de connecter les communes de petite couronne pour faciliter les déplacements interrégionaux sans avoir besoin de passer par la capitale. On y attend plus de 500 000 voyageurs/jour ; il est important de dimensionner l’offre au type d’usage. Sur la ligne 18, autre exemple, les rames seront, elles, plus étroites et alimentées par troisième rail alors que l’alimentation électrique des trois autres lignes est réalisée par caténaire.
Pour terminer, pouvez-vous nous rappeler la répartition des rôles entre la SGP, la RATP et Île-de-France Mobilités ?
C’est la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris qui a fixé cette répartition : le texte a confié à la Société du Grand Paris (SGP) la mission de financer et de construire le réseau, ce qui inclut les lignes, ouvrages, installations, ainsi que les gares. La loi a attribué à la RATP le rôle de gestionnaire d’infrastructure, responsable notamment de la maintenance et du renouvellement des lignes, ouvrages et installations. De son côté, Île-de-France Mobilités, en tant qu’autorité organisatrice, sélectionne et rémunère les opérateurs de transport, organise les conditions d’exploitation du service de transport et finance la maintenance et le renouvellement des lignes, ouvrages et installations. Elle finance également l’acquisition des matériels roulants. A noter, pour être tout à fait précis, que la SGP est sollicitée dans le cadre de la procédure de consultation lancée par Île-de-France Mobilités pour désigner le 1er opérateur de transport des lignes 16 et 17 ; ceci afin de garantir la cohérence entre l’ouvrage conçu et réalisé par la SGP et les objectifs en termes d’exploitation et de maintenance assignés par Île-de-France Mobilités à l’opérateur de transport.
Comme beaucoup de Franciliens, vous devez être très impatients de voir les premières rames rouler sur le futur réseau ?
Oui tout à fait, et à ce sujet je voudrais redire que l’ensemble des équipes de la Société du Grand Paris, maître d’ouvrage du projet, est totalement engagé dans la réalisation de ce nouveau réseau. Une fois les travaux du Grand Paris Express terminés, 90% des Franciliens habiteront à moins de 2 km d’une gare ; les déplacements du quotidien seront facilités. En renforçant l’offre de mobilité collective, le nouveau métro constituera une alternative puissante à l’utilisation de la voiture individuelle tout en élargissant très nettement l’offre de services, formations et d’emplois accessibles en transports en commun. Il inscrira la métropole parisienne dans une démarche de ville durable et respectueuse de l’environnement tout en contribuant au développement social et économique de l’agglomération.
La tentation des Régions face à l’intégration verticale du système ferroviaire
Les petites lignes ferroviaires représentent un tiers du réseau ferré national (RFN), soit 9 137 km sur les
28 364 km de lignes. Elles sont majoritairement à voie unique (78%) et non électrifiées (85%). Elles sont
caractérisées par une diversité d’usages (nombre et type de trains), de fonctionnalités (maillage rural,
périurbain, national etc.), de consistance (voie unique, voie double etc.) et d’état de l’infrastructure. SNCF
Réseau les définit comme l’ensemble des lignes dont la catégorie UIC est de 7, 8 ou 9 (par opposition aux
catégories 1 à 6 qui constituent le réseau dit « structurant »).
Depuis la loi « Nouveau pacte ferroviaire » adoptée en 2018, les autorités organisatrices ont la possibilité
de mettre en concurrence l’exploitation du réseau ferroviaire sur son périmètre. Par ailleurs, depuis 2020, la
loi d’orientation des mobilités (LOM) introduit la possibilité pour les Régions de reprendre la gestion de
certaines lignes ferroviaires.
Avec ces différentes dispositions, un important panel de solutions est à disposition des Régions pour
organiser la mise en concurrence.
Certaines Régions privilégient la mise en concurrence de l’exploitation et de la maintenance du matériel
roulant sur une très grande partie de leur réseau, SNCF Réseau restant gestionnaire de l’infrastructure.
D’autres Régions préfèrent cibler des lignes spécifiques et profiter de l’ouverture à la concurrence pour
intégrer la rénovation de ces petites lignes. Les Régions ont ainsi le choix d’ajouter d’autres champs de
compétences dans les appels d’offre tels que l’entretien, la maintenance de l’infrastructure voire la gestion
des circulations.
Dans ce cas précis, la Région devient gestionnaire d’infrastructure de plein exercice, et se substitue à
SNCF Réseau. Elle a alors la possibilité d’assumer cette mission directement, ou par le biais d'une entreprise
qui assure en parallèle les missions d'opérateur. On parle alors d’« intégration verticale ».
Pour l’autorité organisatrice, l'avantage d'une intégration verticale permet d’obtenir une vision transverse
sur l'ensemble du système et surtout de maîtriser le budget.
Pour l’entreprise de transport, le cumul des champs de compétence tels que l’exploitation, la maintenance
du matériel roulant, la maintenance de l’infrastructure voire sa gestion et sa régénération permet de limiter
les interfaces complexes avec l’opérateur historique et d’obtenir davantage de marges de manœuvres
industrielles pour proposer un service moins coûteux à la collectivité.
Paradoxalement, cette disposition revient à promouvoir les bénéfices de l'intégration du système, ce qui peut
sembler à contre-courant de la tendance des dernières années qui a orienté les efforts sur la séparation de la
gestion de l’infrastructure et de l’exploitation.
A travers les études d’exploitation que nous réalisons, notamment pour Transdev dans le cadre de la mise en concurrence des TER, nous constatons que le transfert d'une partie du RFN se confronte à plusieurs problématiques.
En effet, pour éviter le morcellement du réseau, le périmètre des parties concédées se limite généralement à
quelques portions de ligne, les nœuds ferroviaires tels que les gares terminus restant sous la gestion de SNCF
Réseau.
Il s’ensuit une recherche d’équilibre entre gestionnaire d’infrastructures et exploitants dont les
intérêts divergent : Le gestionnaire d’infrastructure, qui a un rôle d’allocation de la capacité, a pour
objectif de maximiser l’utilisation de l’infrastructure en consommant le moins de capacité possible.
L’exploitant de son côté cherche à obtenir un optimum de productivité afin de limiter la consommation des
ressources (rames, agents …) pour fournir le service exigé.
Cette productivité est en général la clé de voute recherchée par les autorités organisatrices dans les
appels d’offre. Pour garantir la compétitivité de son offre, l’exploitant doit donc concevoir une organisation
cohérente où l’ensemble des sous-systèmes s’imbriquent pour garantir l’efficience du système global. A titre
d’exemple, la conception d’un roulement matériel devra prendre en compte une multitude de paramètres tels que
la localisation du site de maintenance, les caractéristiques du matériel roulant, les contraintes horaires
pour les correspondances, les contraintes de capacité relatives à l’infrastructure (notamment dans le cas des
voies uniques) tout en garantissant la robustesse du système. Dans bien des cas, l’ensemble des contraintes ne
peuvent être satisfaites. Un compromis est alors recherché auprès du gestionnaire d’infrastructure pour
obtenir un meilleur arbitrage dans l’allocation de capacité afin d’éviter de dégrader la production et perdre
en compétitivité. Les gares constituent à ce titre des points durs où les exigences locales d’exploitation
représentent une contrainte trop importante pour l’opérateur.
Par conséquent, si l’intégration verticale permet aux Régions de reprendre à leur compte la gestion de l’infrastructure et des circulations en extrayant la ligne concernée des lourdes contraintes qui pèsent sur le RFN, celles-ci peuvent se retrouver face à des problématiques complexes en multipliant les interfaces au risque de multiplier les standards. L’enjeu stratégique résidera donc dans la bonne définition des périmètres.
Sébastien Galoyer, Chef de projet études ferroviaires |
La pratique consistant à conclure des accords-cadres sans fixer de montant maximum a été interdite par un
décret en date du 23 août 2021 (décret n° 2021-1111 modifiant les
dispositions du code de la commande publique relatives aux accords-cadres et aux marchés publics de
défense ou de sécurité).
L’article R2162-4 du Code de la commande publique qui disposait auparavant que les accords-cadres pouvaient
être conclus « sans minimum ni maximum » impose désormais de conclure des accords-cadres fixant soit « un
minimum et un maximum en valeur ou en quantité » soit « seulement un maximum en valeur ou en quantité ».
Cette modification vient intégrer en droit français une solution dégagée par la Cour de Justice de l’Union Européenne dans un arrêt du 17 juin 2021 (CJUE, 17 juin 2021, Simonsen & Well A/S, n°C-23/20 qui concernait la compatibilité de la réglementation danoise avec les directives européennes). La CJUE s’était basée sur les principes d’égalité de traitement et de transparence afin de qualifier l’incompatibilité des accords-cadres sans maximum avec la réglementation européenne. En effet, deux problèmes résultaient de cette forme de marché. Premièrement, l’absence d’indication du montant maximum pourrait empêcher certaines entreprises de soumissionner étant donné l’incapacité à analyser si leurs moyens matériels et humains sont suffisants par rapport aux quantités qui seront commandées par l’acheteur. Deuxièmement, cette manière de procéder permet d’éviter une remise en concurrence alors même que les quantités commandées seraient nettement supérieures à ce qui était envisagé lors de la mise en concurrence initiale (alors que dans un marché ordinaire cela serait considéré comme une modification substantielle du marché).
Le décret du 23 août 2021 sera applicable à toutes les consultations lancées à partir du 1er janvier 2022, néanmoins il est vivement conseillé de se conformer à cette position dès maintenant !
Arlo Straudo
Responsable Service Juridique de Transamo
Afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergies fossiles, la
France a promulguée la Loi de Transition Energétique pour une Croissance Verte le 17 août 2015
mettant en avant les chaînes de traction à « Faibles Emissions » dont l’électrique, l’hydrogène, le
biogaz et l’hybride rechargeable.
Le récent décret n°0268 du 18 novembre 2021, plus restrictif, écarterait à
terme les technologies biogaz et hybride rechargeable pour la transition énergétique des grandes
agglomérations de plus 250 000 habitants.
L’électrification des bus est donc une excellente solution afin de réduire drastiquement les
émissions de gaz à effet de serre liées au transport. Néanmoins, cette opération peut se
révéler complexe car le Maître d’Ouvrage est confronté à de nombreuses options et contraintes de
mise en œuvre. Avant de se lancer dans un tel projet, Transamo conseille à ses clients d’élaborer une
stratégie globale incluant l’ensemble de la flotte de bus, la topologie des lignes, le
climat et les dépôts (implantation actuelle, espace disponible, …) avec une vision long
terme (plan de renouvellement des bus sur 15 ans, impact sur les dépôts, …)., dans une optique de
rationalisation et d’optimisation de leur investissement.
On dénombre 4 grandes familles de solutions afin d’électrifier tout ou partie d’un réseau de bus :
Dans le cas de la recharge au dépôt, le bus est généralement équipé d’une batterie avec une capacité élevée afin de permettre une autonomie allant jusqu’à 220km pour un bus standard (voire 250km annoncé récemment par certains constructeurs) dans toutes les conditions de vie du bus (hiver/été & neuf/vieilli). Pour des bus articulés, les dernières avancées technologiques des constructeurs de bus permettent d’atteindre jusqu’à 200km d’autonomie. Dans ce cas d’usage, les bus sont généralement rechargés lentement pendant environ 6 à 8 heures la nuit sur des bornes de charge lente (~50kW) au dépôt. Pour une meilleure flexibilité d’exploitation, nous conseillons également d’installer quelques bornes de charge semi-rapide (d’une puissance entre ~100kW et ~150kW) afin d’effectuer des recharges ponctuelles plus rapides lors d’aléas d’exploitation ou de maintenance.
La recharge au dépôt a notamment été retenue par le SYTRAL que Transamo a assisté pour l’acquisition de 13 bus de 12m à recharge lente pour la ligne C16 ainsi que l’installation des 12 chargeurs au dépôt.
Transamo a de plus assisté Transdev pour la conversion du dépôt d’Argenteuil (en Ile-de-France) avec 42 emplacements pour bus 12m dont 38 chargeurs 50 khW et 4 chargeurs 150 kWh.
Dans le cas de la recharge aux terminus, le bus est généralement équipé d’une batterie avec une capacité moyenne afin de permettre une autonomie d’environ 100km sans recharger. Dans ce cas d’usage, les bus sont rechargés rapidement (200kW à 600kW) aux terminus pendant les temps de battement aux terminus (5 à 15min) et ceci afin de récupérer suffisamment d’autonomie (généralement 20 à 40km) pour réaliser l’ensemble du service jusqu’au prochain terminus.
Il est également possible d’y ajouter de la recharge lente (~50kW) au dépôt la nuit afin de repartir tous les matins avec un bus complètement chargé mais aussi afin d’équilibrer l’ensemble des packs batteries et ainsi améliorer leur durée de vie
Bordeaux Métropole a choisi cette solution pour la ligne Saint Jean – Saint-Aubin de Médoc. Transamo apporte son assistance pour l’acquisition de bus 18m à recharge rapide ainsi que les infrastructures de charge associées.
Dans le cas de la recharge aux terminus et stations, le bus est généralement équipé d’une batterie avec une faible capacité permettant une autonomie d’environ 50km sans la recharger. Dans ce cas d’usage, les bus sont rechargés très rapidement (400kW à 600kW) pendant les temps de battement aux terminus (5 à 15min) et aussi à certaines stations (1 à 2min) équipées d’infrastructures de charge rapide. Ces recharges dites « flash » permettent de récupérer quelques kilomètres d’autonomie jusqu’à la prochaine station de charge et ceci afin de conserver le niveau de charge de la batterie dans une faible marge (par exemple entre 50% à 80%). Cette technologie est d’ailleurs préconisée pour les bus biarticulés.
C’est la solution retenue en Ile-de-France où Transamo assiste Île-de-France Mobilités pour l’acquisition de 30 bus électriques biarticulés de 24 m à recharge rapide (et 47 bus supplémentaires en option) pour les lignes TZEN4 et TZEN5 ainsi que les infrastructures de charge associées.
Dans le cas de la recharge dynamique en ligne, le bus, aussi appelé « Trolleybus » s’alimente électriquement via des perches connectées à des Lignes Aériennes de Contact (LAC) bifilaires. Récemment des « Trolleybus 2.0 » ont fait leur apparition afin de circuler sur des portions sans LAC par contraintes d’intégration urbaine et paysagère ou extension de lignes. En effet, ces « Trolleybus 2.0 » sont équipés de batteries permettant de réaliser jusqu’à 50% du parcours (dépendant du type de parcours, des conditions climatiques, …) sans être connecté à une LAC. Cependant cette technologie nécessite de gros aménagements urbains via l’installation de LAC alimentées par des sous-stations électriques. Cette technologie est intéressante lorsqu’il est possible de mutualiser les investissements d’installation de la LAC et des sous-stations pour plusieurs lignes de bus.
Transamo a notamment étudié le déploiement de cette solution pour des lignes de bus des réseaux de Rouen, Limoges, Le Havre, Grenoble et l’Ile-de-France.
En conclusion, ces quatre solutions présentent toutes des avantages et des inconvénients, une étude techno-économique est bien souvent nécessaire afin d’identifier la solution la plus adaptée à un territoire.
Il faut également ne pas oublier d’adapter le dépôt de bus afin d’accueillir les équipements de charge en conformité avec la réglementation ICPE 2925. Cette dernière introduit des contre-mesures telles que l’éloignement avec les limites de propriété, des murs coupe-feu, de la surveillance humaine lors de la charge des bus, … Ce type de conversion est plus aisée sur des dépôts avec de larges espaces disponibles afin de limiter le coût de son adaptation.
Pierre-Xavier Piras,
Chef de projet Electromobilité
Depuis octobre dernier, les terminaux des agences M-Tag du réseau de Grenoble ont été renouvelés. La nouvelle
billettique Conduent intègre une nouvelle interface pour gérer la relation client qui n’est pas issue de la
billettique mais du nouveau Référentiel Client M-Tag.
Jusque fin 2020, M-Tag utilisait l’outil DATIX qui consolidait dans une seule base référentielle les
données issues des bases client de ses différentes applications : billettique, m-Ticket, réclamation, site web
et Transport à la Demande. Il s’agissait de récupérer chaque jour sous forme de fichiers à plat les
modifications de chacune des bases, puis de procéder à des traitements de correction de données et de
dédoublonnage pour mettre à jour le référentiel Client.
Les limites de performance de DATIX et le remplacement du système billettique ont justifié l’étude, la
conception, puis la mise en œuvre d’un outil de Master Data Management (MDM) pour gérer le référentiel de
données client.
Le MDM permet de tracer et d’arbitrer toutes les intégrations de données, de gérer les liens avec toutes
les applications sources et clientes du référentiel et ainsi la conformité au RGPD. Il fournit également les
webservices permettant la recherche, la création et la modification des données client.
Ce sont ces webservices qui ont été intégrés dans l’interface de gestion client de la nouvelle application
billettique Conduent. Ainsi, lorsque l’agent de vente recherche, crée, modifie ou simplement consulte la fiche
d’un client qu’il reçoit, il réalise ces opérations directement dans le référentiel client via le MDM, et non
plus dans une base « billettique » qu’il faudrait ensuite synchroniser avec le référentiel client.
Le référentiel est structuré en deux bases : la base gérée par le MDM qui contient les données
d’identification et de contact des clients, et un datawarehouse associant aux clients leurs données d’activité
telles que souscriptions, achats, consommations et, réclamations. L’agent a ainsi accès, de manière fiable, à
la fiche du client avec la synthèse et le dernier historique de ses activités.
Cette nouvelle interface sera prochainement adaptée et intégrée au Pass’Mobilités, nouvel outil de MaaS de
la Métropole Grenobloise.
Hugues DELEU, Expert Billettique |
« La qualité des données est cruciale pour suivre, comprendre les usages de notre réseau par la clientèle
et nous adresser à elle. Les rapports et les études que nous produisons attestent de la qualité de notre
nouveau référentiel client.
Mis en service en décembre 2020, notre nouvel outil a traité plus de 460 000 contacts provenant de 4
sources différentes. Après dédoublonnage, environ 390 000 contacts ont été intégrés dans le nouveau
référentiel. 90% des fiches clients du réseau TAG sont créées sur le système billettique en agence même si
cette part décroit progressivement avec notre application m-Ticket Pass’Mobilités et les autres canaux. Nous
avons gagné en qualité sur le dédoublonnage mais aussi sur la saisie et notamment sur les adresses qui sont
désormais redressées et enrichies. Nous avons aussi un meilleur contrôle et la traçabilité des actions
réalisées sur les données.
Dans les mois qui viennent, notre m-Ticket Pass’Mobilités sera remplacé par une offre enrichie de nouvelles
mobilités de type MaaS, adossé à notre référentiel. Dans le même temps, nous conduisons un projet pour
déployer un outil de Gestion de la Relation Client sur notre nouveau référentiel. »
Domitille GUINET, Responsable Etudes Clientèle et Usage du Réseau TAG |
Le 2 novembre 2021, la Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur a confié à Transdev l’exploitation des TER de la ligne Marseille – Toulon – Nice. Ce service de voyageurs s’inscrit dans la politique d’ouverture à la concurrence du ferroviaire. Le démarrage de la concession est prévu en juillet 2025. Au-delà des engagements de service, le projet prévoit la construction d’un Site de Maintenance et Remisage (SMR) pour une flotte de 16 trains. Après avoir accompagné Transdev tout au long de cet appel d’offres emblématique, Transamo reste mobilisé pour le pilotage de la réalisation du SMR ainsi que de la fourniture du Matériel Roulant.